Communiqué de presse
Communiqué publié le 22 septembre 2024, pour annoncer la sortie du rapport "Loi contre la déforestation : le compte a rebours est lancé".

Loi contre la déforestation : où en sont les entreprises ?

Communiqué publié le 22 septembre 2024, pour annoncer la sortie du rapport "Loi contre la déforestation : le compte a rebours est lancé".

Publié le Rédigé par Canopée


Paris, le 22 septembre 2024. À trois mois de l’entrée en application de la loi européenne contre la déforestation, Canopée publie un état des lieux du niveau de durabilité des 22 principales entreprises soumises à ce règlement.

Ce rapport montre que de nombreux acteurs ont déjà atteint un haut niveau de garanties de non-déforestation, et sont proches de la conformité. Si certaines entreprises présentent un retard, cette étude montre que de nombreux outils existent pour le combler.

Notre étude montre que la filière de l’huile de palme garantit déjà une très grande part de durabilité : 81% du volume étudié est sans déforestation. La filière du cacao est plus hétérogène, avec 47% du volume de cacao étudié offrant des garanties de non-déforestation, et d’importantes disparités entre acteurs. Elle montre cependant un retard dans la filière soja. Bien que 51% du volume étudié serait sans déforestation, celui-ci n’est ni adossé à un travail de traçabilité ni à une démarche de transparence.

Mondelez, Unilever, Ferrero, Nestlé, Danone affichent notamment une part d’approvisionnement en huile de palme sans déforestation supérieure à 90%. Dans la filière cacao, Ferrero se distingue, avec 97% de ses approvisionnements sans déforestation, suivi par Lindt, Unilever, et Mondelez pour qui cette part atteint plus de 60%. Dans la filière soja en revanche seul le négociant Solteam affiche des garanties satisfaisantes en termes de non-déforestation, mais surtout de traçabilité et transparence.

À trois mois de l’application de la loi européenne contre la déforestation (EUDR), notre étude analyse 22 entreprises sur :

  • La part de leurs approvisionnements sans déforestation (par le biais de certaines certifications, monitoring satellitaire, vérifications et terrain, etc.) ;
  • La part de leurs approvisionnements tracés jusqu’à la plantation ou ferme d’origine ;
  • La transparence sur leurs approvisionnements, à travers la publication de la liste de leurs fournisseurs.

Canopée montre que dans le cas d’entreprises peu avancées, ceci ne s’explique pas par des freins techniques. De nombreux outils de traçabilité et surveillance de la déforestation existent. Il s’agit avant tout d’une question de volonté de ses entreprises de s’engager ou non dans une démarche de durabilité.

Notre étude est publiée alors qu’Ursula Von der Leyen serait sur le point d’annoncer un report ou une réouverture du règlement européen contre la déforestation. Cela fait suite à la pression de quelques entreprises et ministres, dénonçant une absence de clarté sur certains éléments.

Cette décision serait pourtant en inadéquation avec les résultats de notre étude, et les prises de positions de nombreuses entreprises. Si elle était prise, elle pénaliserait les entreprises les plus avancées, qui ont déjà réalisé leur travail de mise en conformité. Elle irait aussi à l’encontre des groupes politiques Renew, Socialists & Democrats, et Greens, qui ont réitéré ces derniers jours leur soutien au maintien du calendrier établi.

Le règlement contre la déforestation, qui doit s’appliquer au 30 décembre prochain pour les grandes entreprises, interdit la mise sur le marché européen de cacao, café, huile de palme, soja, bois, bœuf et caoutchouc s’ils ont causé la déforestation ou la dégradation de forêts après le 31 décembre 2020, et n’ont pas été produits en respectant les lois du pays de production. Pour cela, elle impose de fournir une déclaration de devoir de vigilance incluant les données de traçabilité associées à ces produits.

L’Union européenne a une responsabilité importante en matière de protection des forêts dans le monde. L’EUDR a marqué une étape inédite dans la lutte contre la déforestation, en instaurant un cadre contraignant, dépassant les engagements volontaires qui étaient la norme jusque-là. Au-delà de l’injustice que représenterait un report pour les acteurs les plus engagés, c’est le sérieux et la crédibilité de la parole des institutions européennes qui est en jeu.