Analyses

Assises de la forêt et du bois : ce qu’il faut retenir

Il y a deux mois, le gouvernement a lancé les Assises de la forêt et du bois, un espace de dialogue entre de nombreux acteurs liés à la forêt (industriels, scientifiques, associations, élus…).
Publié le Rédigé par Canopée

L’objectif : élaborer des mesures et les présenter au gouvernement. Canopée était invité et a activement participé… mais comme on pouvait s’en douter, aucune mesure enthousiasmante n’a été décidée.

Les règles du jeu

Difficile d’aboutir à des changement intéressants de politique forestière avec les règles choisies par le gouvernement. L’objectif officiel et ambitieux était de « répondre aux enjeux environnementaux, économiques et sociétaux auxquels la forêt française doit faire face », rien que ça. Pour y parvenir, des réunions en visio de deux ou trois heures ont été organisées dans l’urgence, avec, à chaque fois, entre 50 et 100 participants. Des contributions écrites ont également été demandées (Canopée en a produit). Les organisateurs ont ensuite réuni les propositions en deux groupes : « les propositions consensuelles » et les autres. Vu la difficulté de débattre sérieusement avec 100 personnes en 3 heures de visio, les « propositions consensuelles » relèvent du maintien du statut quo (exemple de proposition consensuelle : « Présence des quatre ministres aux Assises plébiscitée et source d’espoir. »). Parmi les autres propositions, nous avons retrouvé quelques unes de nos demandes, comme par exemple l’éco-conditionnalité des aides publiques. Mais ces propositions seront transmises aux Ministres en tant que propositions ne faisant pas l’unanimité, et les Ministres eux-mêmes quitteront leur poste dans 3 mois… Ils n’auront pas le temps ni l’énergie, en pleine campagne, de se battre pour faire passer des « mesures non-consensuelles » aux Parlementaires !

+ ajouter un truc sur qui est invité et qui ne l’est pas, avec la photo d’Alliance

Résumé des quatre groupes de travail

Les Assises du Gouvernement et du Bois ont été divisées en quatre groupes de travail :

  • Groupe 1 : Garantir le rôle de la forêt et du bois dans l’atteinte des objectifs de la neutralité carbone
  • Groupe 2 : Renforcer la résilience des forêts et des écosystèmes forestiers, préserver la biodiversité et valoriser les services rendus par les forêts
  • Groupe 3 : Renforcer les capacités de valorisation de la ressource nationale par un tissu industriel français diversifié et compétitif
  • Groupe 4 : Rénover le cadre de concertation territoriale entre propriétaires forestiers et parties prenantes sur la gestion des forêts

Canopée a participé à chaque groupe de travail et déposé des fiches de proposition pour 3 des 4 groupes. Voici ce qu’il faut retenir de chaque groupe :

  • Groupe 1 : Objectifs de neutralité carbone
    • Le plan de relance du gouvernement, que Canopée critique largement, devrait être prolongé sur les 30 ans à venir et doté de 150 millions d’Euros par an. En théorie, le plan doit servir à l’adaptation des forêts au changement climatique – mais en réalité, le plan a été construit avec les lobbys industriels et permet de raser des forêts saines pour les remplacer par des quasi-monocultures.
    • L’importance des besoins en personnels de terrain pour accompagner les propriétaires publics et privés est affirmée dans les conclusions des Assises, mais classée dans les mesures « non consensuelles ». Peu probable que le Ministre, qui est resté sourd à la voix des 134 000 personnes qui ont signé notre pétition contre la privatisation de l’ONF, entende une « mesure non consensuelle ».
    • Un observatoire national de données sur la forêt et le bois, géré par l’IGN, pourrait être mis en place. Une bonne chose pour objectiver les chiffres utilisés par les lobbys, reste à espérer que la mesure soit réellement mise en œuvre.
    • De nouvelles Assises sont prévues dans 1 an. Cette proposition est étonnante, mais s’explique peut-être par le calendrier électoral : les conclusions des Assises de 2022 ne pourront pas être reprises, peut-être que celles de 2023 pourront l’être ?
  • Groupe 2 : Écosystèmes et biodiversité
    • Notre proposition, déjà poussée lors du projet de loi de finances pour 2022, de conditionner les aides publiques à la forêt à des critères écologiques commence à se faire sa place. L’idée a été retenue lors des Assises – mais, là aussi, en tant que « mesure non consensuelle »…
    • Les Assises actent qu’il y a « des controverses sur les coupes rases et les essences invasives », mais concluent simplement qu’il faut « renforcer la recherche capable de produire de l’expertise sur ces controverses ». Pourtant, les études scientifiques montrent clairement l’impact désastreux des coupes rases sur les sols, le stock de carbone et la biodiversité. Il ne s’agit plus de plier devant les intérêts des lobbys industriels en faisant des études supplémentaires. Le temps est venu d’encadrer strictement ces coupes.
    • Les documents de gestion devraient comprendre des exigences minimales en termes de biodiversité. L’idée est bonne, mais il devra s’agir d’une « incitation plutôt que d’une contrainte » : ce n’est pas avec des incitations que l’on changera les pratiques des grandes coopératives.
    • Il faudra privilégier la régénération naturelle. Cette proposition semble très intéressante, mais il faudra voir comment elle pourra être mise en œuvre.
  • Groupe 3 : industrie
    • Les conclusions de ce groupe sont sans doute les plus inquiétantes : de nombreux nouveaux débouchés doivent être étudiés pour le bois, comme par exemple la production d’hydrogène à partir de bois. Pourtant, il est urgent de cesser les augmentations de récoltes, et de ne pas développer de nouveaux usages industriels. Le bois est une ressource limitée.
    • Parmi les mesures consensuelles, on peut lire : « la filière renouvelable bois énergie garde toute sa légitimité dans une gestion forestière durable ». Pourtant, Canopée

J’arrête en cours de route : on fera un article à partir des conclusions officielles du 15 février