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Grande distribution et déforestation liée au soja : notre classement
Pour le comprendre, Canopée a réalisé un classement de ces différentes enseignes en fonction des détails des plans d’action qu’elles nous ont envoyés. Pour évaluer le sérieux de leurs engagements nous avons défini un certain nombre de critères, notamment l’intégration d’une clause de non déforestation, l’échéance fixée, le périmètre de l’engagement, le soutien à un renforcement de la réglementation…
– Système U s’est publiquement engagé sur un objectif de zéro déforestation/zéro conversion liée au soja. Il s’est fixé l’échéance de 2022 au plus tard pour y arriver. C’est l’engagement le plus ambitieux en termes de délais. La définition de la déforestation retenue reprend bien la date limite du 01 janvier 2020 et inclut bien la conversion d’écosystèmes naturels. Il reconnaît bien que la priorité est celle de protéger le Cerrado, mais que cet engagement doit à terme s’étendre à l’ensemble de l’Amérique du Sud.
– Cet engagement concerne l’ensemble des produits de ses marques distributeurs et du rayon traditionnel qui contiennent du soja: la viande fraîche, les œufs, la charcuterie, les produits laitiers, et le saumon. Il s’engage aussi à soutenir la mise en œuvre de ces engagements auprès des marques nationales.
– Pour atteindre cet objectif, il s’est engagé à accompagner ses fournisseurs vers de meilleures pratiques. Il s’est engagé à formaliser cet engagement par la signature par ses fournisseurs d’une charte d’engagement contractuelle. Celle-ci indique qu’ils ne doivent plus s’approvisionner en soja issu d’une zone du Cerrado qui aurait été déforestée.
– Il s’engage de plus à réaliser une revue annuelle des indicateurs de sa politique de déforestation et un suivi des plans de progrès de ses fournisseurs.
– Il est favorable à la mise en place d’une réglementation à l’échelle européenne sur les importations de soja et du renforcement de la position de la France.
– Lidl s’est publiquement engagé sur un objectif de zéro déforestation/zéro conversion liée au soja d’ici 2025. La définition de la déforestation retenue reprend bien la date limite du 01 janvier 2020 et inclut bien la conversion d’écosystèmes naturels. Il reconnaît bien que la priorité est celle de protéger le Cerrado, mais que cet engagement doit à terme s’étendre à l’ensemble de l’Amérique du Sud.
– Cet engagement concerne l’ensemble des produits de ses marques distributeurs qui contiennent du soja: la viande fraîche, les œufs, la charcuterie et les produits laitiers. Cela représente un engagement significatif car 90% des produits vendus dans ses magasins sont des produits de leurs marques propres.
– Pour atteindre cet objectif, il a commencé une analyse approfondie de ses chaînes d’approvisionnement et de sensibilisation de ses fournisseurs. Il s’est engagé à formaliser cet engagement par l’intégration d’un critère de zéro déforestation/zéro conversion dans les cahiers des charges. Il s’efforce au quotidien à ne pas créer de clivage entre grande distribution et fournisseurs. Il considère qu’intégrer une clause contractuelle auprès de leurs fournisseurs trop vite, sans avoir formalisé la manière la plus efficace de concrétiser son engagement pourrait faire reporter cette problématique sur ses fournisseurs. ll s’inscrit dans une volonté de faire concrètement changer le marché pour davantage de durabilité.
– Son objectif est de participer à la construction d’un système de vérification permettant d’identifier suffisamment précisément le niveau de risque par origine des flux de soja au Brésil pour exiger des preuves de non déforestation/non conversion.
– Lidl soutient toute législation ou toute autre initiative visant à lutter contre la déforestation importée, au niveaux national comme européen.
– Casino s’est publiquement engagé sur un objectif de zéro déforestation/zéro conversion liée au soja. Il s’est fixé l’échéance de 2025 au plus tard pour y arriver. La définition de la déforestation retenue reprend bien la date limite du 01 janvier 2020 et inclut bien la conversion d’écosystèmes naturels. Il reconnaît bien que la priorité est celle de protéger le Cerrado, mais que cet engagement doit à terme s’étendre à l’ensemble de l’Amérique du Sud.
– Cet engagement s’applique aux produits de ses marques distributeurs et son rayon traditionnel qui contiennent du soja: la viande de volaille, porc, bœuf, les œufs, et les produits laitiers. Il s’engage aussi à soutenir la mise en œuvre de ces engagements auprès des marques nationales.
– Il s’engage à réviser les cahiers des charges portants sur les produits concernés dès le 1er semestre 2021, au fur et à mesure de leur renouvellement afin d’y intégrer une clause « zéro déforestation » prenant en compte la cut-off date. Ces mises à jour seront effectuées au fur et à mesure de leur renouvellement contractuel, ce qui pourra amener jusqu’à fin 2022 au plus tard au vu du cycle de renouvellement.
– Ses fournisseurs à marque propre seront accompagnés par les directions Qualité et Achats concernées avec le soutien de la direction RSE du Groupe et des enseignes, notamment en: les informant, proposant des temps d’échange et de travail, répondre à leurs difficultés rencontrées, et partager avec eux les résultats de la Soy Transparency Coalition et SNDI
– Il participera à la mise en place d’un mécanisme de contrôle dans le cadre du Comité Scientifique et Technique Forêt, au sein de la Stratégie Nationale de lutte contre la Déforestation Importée.
– Il est favorable à la mise en place de réglementations européennescontre la déforestation importée, permettant ainsi à tous les acteurs européens d’avoir la même compréhension de ces enjeux. Il ne s’est pas prononcé sur la réglementation française.
– Auchan s’est publiquement engagé sur un objectif de zéro déforestation/zéro liée au soja. Il s’est fixé l’échéance de 2025 pour y arriver. Leur définition de la déforestation reprend bien la date limite du 01 janvier 2020 et inclut bien la conversion d’écosystèmes naturels. Ils reconnaissent bien que la priorité est celle de protéger le Cerrado, mais que cet engagement doit à terme s’étendre à l’ensemble de l’Amérique du Sud.
– Cet engagement concerne l’ensemble des produits de leurs marques distributeurs et rayon traditionnel qui contiennent du soja: la viande fraîche, les œufs, la charcuterie et les produits laitiers. Ils s’engagent aussi à soutenir la mise en œuvre de ces engagements auprès des marques nationales.
– Il s’est engagé à accompagner ses fournisseurs dans la mise en place de meilleures pratiques en termes d’approvisionnement en soja pour l’alimentation animale. Cela se formalisera par l’intégration d’une mention relative à la déforestation liée au soja dans leurs attentes auprès de leurs fournisseurs dès janvier 2021. L’ajout d’une clause contractuelle contraignante, elle, se fera au moment du renouvellement des cahiers des charges. Cela devrait s’amorcer au premier semestre 2021.
– Il s’engage à mettre en place et animer des indicateurs de suivi tels que le suivi des origines du soja, la diminution des tonnages utilisés, etc.
– Il est favorable à un renforcement de la réglementation française qui, en plus de son « plan protéique » pourra les aider ainsi que d’autres acteurs à aller plus vite dans la mise en place de ces engagements. Il ne s’est pas prononcé sur la réglementation européenne.
– Carrefour s’est publiquement engagé sur un objectif de zéro déforestation/zéro conversion liée au soja. Il s’est fixé l’échéance de 2025 au niveau de l’ensemble du groupe (tous les pays où est présent Carrefour) concernant ses produits de marques distributeurs clés. La définition de la déforestation retenue reprend bien la date limite du 01 janvier 2020 et inclut bien la conversion d’écosystèmes naturels. Il reconnaît bien que la priorité est celle de protéger le Cerrado, mais que cet engagement doit à terme s’étendre à l’ensemble de l’Amérique du Sud.
– Cet engagement s’applique aux produits de ses marques distributeurs clés qui contiennent du soja: la viande fraîche, les œufs, la charcuterie, les produits laitiers et le saumon. Il s’engage aussi à soutenir la mise en œuvre de ces engagements auprès des marques nationales.
– Il s’engage à mobiliser ses fournisseurs à marque propre à partir de janvier 2021, pour y intégrer une clause contractuelle zéro conversion/déforestation prenant en compte la cut-off date. Ce travail sera commencé sur la volaille en priorité dès le 1er semestre 2021 et décliné sur les autres familles de produits.
– Il va engager en commun ses fournisseurs avec les autres enseignes. Par ailleurs, il va organiser des réunions de lancement d’ici la fin de l’année pour sensibiliser leurs équipes internes et un webinar pour leurs fournisseurs.
– Pour le contrôle, il espère qu’il sera réalisé dans le cadre de la plateforme de la Stratégie Nationale de lutte contre la Déforestation importée. Il réalise de plus un audit interne veillant au respect de leurs règles d’achat.
– Il défend le renforcement de la réglementation européenne et veillera à défendre cette position auprès de la Commission dans leurs échanges. Il ne s’est pas prononcé sur la réglementation française.
– Les Mousquetaires se sont publiquement engagés sur un objectif de zéro déforestation/zéro conversion liée au soja. Il s’est fixé l’échéance de 2025 pour y arriver. Leur définition de la déforestation reprend bien la date limite du 01 janvier 2020 et inclut bien la conversion d’écosystèmes naturels. Ils reconnaissent bien que la priorité est celle de protéger le Cerrado, mais que cet engagement doit à terme s’étendre à l’ensemble de l’Amérique du Sud.
– Cet engagement concerne l’ensemble des produits de leurs marques distributeurs qui contiennent du soja: la viande fraîche, les œufs, la charcuterie et les produits laitiers. Ils s’engagent aussi à soutenir la mise en œuvre de ces engagements auprès des marques nationales.
– Ils se sont engagés à formaliser cet engagement en faisant signer dès 2021 à l’ensemble des fournisseurs concernés une charte leur demandant un plan d’action échéancé jusqu’à 2022. L’objectif est d’obtenir toutes les signatures des fournisseurs de volaille d’ici fin 2021. Ils s’engagent à accompagner leurs fournisseurs dans ces démarches, en partageant avec eux les orientations stratégiques et leur expertise.
– Ils sont en accord avec la mise en place d’un système de vérification, mais qui soit collectivisé avec les autres distributeurs et acteurs de la filière pour ne pas en supporter les coûts seul. Ils ont de plus prévu le suivi des signatures des chartes et des cartographies des approvisionnements et la réalisation d’audits de vérification concernant leurs engagements
– Ils sont favorables à un renforcement de la réglementation européenne pour limiter les risques liés à la déforestation importée (dont le soja). Ils ne se sont pas prononcés sur la réglementation française.
– Leclerc s’est publiquement engagé sur un objectif de zéro déforestation/zéro liée au soja. Il n’a pas fixé de date d’échéance pour atteindre cet objectif.
– La définition de la déforestation retenue reprend bien la date limite du 01 janvier 2020 et inclut bien la conversion d’écosystèmes naturels. Il reconnaît bien que la priorité est celle de protéger le Cerrado, mais que cet engagement doit à terme s’étendre à l’ensemble de l’Amérique du Sud.
– Cet engagement s’applique aux produits de ses marques distributeurs qui contiennent du soja: la viande fraîche, les œufs, la charcuterie et les produits laitiers. Il s’engage aussi à soutenir la mise en œuvre de ces engagements auprès des marques nationales.
– Il s’engage à mobiliser ses fournisseurs à marque propre à partir de janvier 2021, pour intégrer dans leurs cahiers des charges une clause contractuelle de non conversion/déforestation prenant en compte la cut-off date. Il n’a pas fixé de date à partir de laquelle les premiers cahiers des charges seraient revus, ni ne priorise les produits à plus fort impact (volaille).
– En 2021 une enquête sera réalisée auprès des fabricants de ses marques propres impliqués sur les filières poulets de chair, œufs, et les filières porc ou bovins dans l’objectif d’identifier les solutions possibles pour atteindre l’objectif.
– Il va participer à la mise en place d’un système de contrôle à travers des indicateurs de suivi internes ainsi que via la plateforme de gestion des risques de la Stratégie Nationale de lutte contre la Déforestation Importée.
– Il soutient un projet de législation efficace pour lutter contre la déforestation et la conversion d’écosystèmes au niveau de la Commission européenne. Il ne s’est pas prononcé sur la réglementation française.
Un engagement significatif, à concrétiser.
Si les grandes enseignes tiennent les engagements qu’elles viennent de prendre, nous pourrions arriver d’ici 2025 à voir l’ensemble de leurs approvisionnements en soja être garanti sans déforestation. Encore faut-il pour cela que quelques conditions clés soient respectées:
- Cet engagement doit se concrétiser par l’intégration d’une clause contractuelle auprès de leurs fournisseurs.
- Cette contractualisation doit se faire rapidement, et en priorité sur les produits les plus impactants (volaille).
- Ils doivent accompagner leurs fournisseurs et leur donner les moyens d’atteindre cet objectif.
Alors que Système U et Lidl ont pris des engagements significatifs (respectivement une échéance de 2022 pour atteindre l’objectif et un engagement sur 90% des produits vendus) et ont déjà commencé à accompagner leurs fournisseurs vers le changement, Leclerc traîne à inclure une clause contractuelle de non-déforestation dans les contrats auprès de ses fournisseurs – et ce malgré le constat alarmant des derniers chiffres de la déforestation au Brésil.
La culture de soja, responsable de la destruction d’écosystèmes essentiels
La plus grande partie du soja utilisé en France est originaire du Brésil, où des pans entiers de végétation sont rasés et brûlés pour y planter des champs de soja. La disparition de ces espaces met en péril la biodiversité, menace l’équilibre du cycle de l’eau, libère d’importantes quantités de CO2, et est souvent associée à des violations de droits humains.
C’est à l’alimentation animale qu’est destinée la majeure partie du soja importé. Volaille, produits laitiers, porc, œufs, bœuf, saumon, tous ces produits en contiennent indirectement. Et c’est sur les étals de la grande distribution que nous les trouvons.
Un classement à suivre
Ce premier engagement est significatif: toutes ces enseignes ont compris le rôle qu’elles peuvent jouer pour mettre fin à la déforestation liée au soja. Il faudra maintenant veiller à ce que les retardataires proposent des plans d’action sérieux et que l’ensemble de ces engagements soient bien mis en application. Cette première édition se base sur des engagements, la prochaine évaluera s’ils se sont bien concrétisés en actes.
Mais la grande distribution est loin d’être la seule à participer à cette déforestation. Les autres grandes entreprises, notamment du secteur de la viande, font elles la sourde oreille… Il est temps qu’elles suivent l’exemple des supermarchés et s’engagent à arrêter de s’approvisionner en soja issu de déforestation.
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